Cette écriture, non exubérante et sans contenu sémantique, construit un tressage fragile, dompté, silencieux, presque homogène, qui refuse le spectaculaire. Elle atteste d’une vie qui lui est propre, d’une maîtrise sans virtuosité, d’une attention, d’une présence au geste, d’une obstination et d’une fidélité à une règle. Cette dernière qui la détermine implique silence, économie des moyens, sobriété du geste canalisé, rigueur et constance dans l’écriture à l’échelle du poignet, ainsi qu'une inscription dans une temporalité préétablie qui favorise le maintien dans une même énergie et une même vigilance.

Dans la série intitulée Scripsi, une graphie blanche se développe régulièrement sur du papier épais recouvert d’un pigment noir appliqué avec un tampon de papier. Cette écriture cursive, suspendue, en apesanteur, est obtenue en réserve par l’usage d’un fluide à masquer (le drawing gum). Ce fluide est utilisé initialement comme encre pour être ensuite retiré après que le pigment noir a recouvert la totalité de la surface de façon homogène.

Mantra profane, la graphie semble s’inscrire dans une liturgie ou dans un rite ascétique qui conjugue esthétique et transcendance. Les différents supports adoptent des morphologies variées  

(rouleaux, empilements, suspensions, etc) et donnent lieu à autant de scénographies marquées d’une transculturalité assumée, à l’ère de la mondialisation.

Pour l'artiste cette expérience d'écriture prévaut et l’objet manuscrit en atteste. L’inspiration spirituelle est assumée et s’exprime par des objets connotant le religieux. Leur présentation atypique, rigoureusement structurée, compile et archive des durées dans une sorte de musée personnel ; ils racontent silencieusement notre artiste.
Jean-Claude Guerrero, extrait du catalogue de l'exposition Ces blancs que je creuse à Campredon Art & Image en 2022.

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©Laurent Delaire - ADAGP 

Palimpsestes

Travail au papier graphite ou carbone.